DÉNUDER
Un jour j’ai décidé d’arrêter de tricoter avec la Vie. J’ai arrêté de vouloir faire des nœuds ou de les défaire, J’ai arrêté de me créer des costumes ou des personnages pas épanouissants, J’ai arrêté d’essayer de relier le pourquoi avec le comment, d’essayer de chercher la cause et le coupable, d’essayer de comprendre le mécanisme, et quel fil aller avec quelle aiguille. Et j’ai même arrêté de me dire que j’étais une mauvaise tricoteuse ou de vouloir prendre des cours de tricots.
J’ai arrêté de me battre avec des concepts, ou d’essayer d’avoir raison sur la Vie. Parce qu’au final, cela ne me rendait pas plus heureuse, et ça me prenait beaucoup de temps et d’énergie.
Je me suis vue dans ce grand bain de la Vie à essayer de vouloir changer ce que j’étais, à vouloir être plus joyeuse, plus aimée, plus entourée, plus riche, plus belle, plus connectée ou encore plus populaire. Tout ces « vouloir » m’éloignant même de ce que je voulais atteindre, car je déclarais également le contraire à chaque fois. Comme les deux faces d’une même pièce, ne pouvant appeler l’un sans faire apparaître l’autre. Je ne peux pas appeler la Lumière sans faire apparaître l’ombre, comme le soleil crée l’ombre sur Terre.
Être humain, pour moi, est passé et passe par tous ces questionnements, qui m’amènent à partager mon expérience et ma conscience. Et cette conscience émerge aussi quand je décide de me regarder avec honnêteté et authenticité dans le miroir du Monde.
Quand je vois mes ombres, quand j’accepte ma médiocrité, ma jalousie, mes envies, ma culpabilité, mes jugements, ma faiblesse, ma méchanceté, ma boue, alors je me sens plus en paix avec moi-même. Ne cherchant plus à me charcuter en extrayant des bouts de moi. Quand j’accepte tous les connards et connasses que je peux rencontrer, j’accepte aussi ma propre connerie. J’ai été tantôt la gentille, tantôt la méchante ; tantôt la sainte, tantôt la salope ; tantôt la bienveillante, tantôt la manipulatrice, de part mon essence humaine. J’ai aimé jouer à la « méchante », car trop longtemps figée dans un rôle de « gentille » qui m’emprisonnait dans des concepts violents sur ce que je devais faire ou pas faire. Gentille pour plaire ou pour me sentir aimée des autres, et pour correspondre à leurs attentes.
J’ai aimé jouer à juger, critiquer, ou râler, car trop longtemps confinée dans des phrases « ce n’est pas bien », ou « il ne faut pas faire ça », faisant taire l’essence même de mes émotions et de ma voix qui essayaient de s’exprimer par ce biais là.
J’ai aimé jouer avec les extrêmes, me ramenant au funambule en équilibre sur son fil. L’un et l’autre coexistent simultanément, et c’est en vain que l’on ne peut faire disparaître l’un ou l’autre.
Je joue au Jeu de la Vie, même si parfois j’ai la tête qui tourne. J’aime rire de tout ça, avec bienveillance et légèreté.
Et aujourd’hui si je tricote, c’est par pur plaisir. :) Dans la Joie du tricot dans cette humanité pleine de vies, de surprises et de mystères.
Mathilde Rebérat Accompagnatrice de l'Être et du mouvement de Vie